Suède

Six pieds sous terre : la mine de Falun

Pour notre troisième jour en Suède, M. Loukoum et moi-même faisons route pour le lac Siljan, niché dans le cœur de la Dalécarlie suédoise. A mi-chemin entre Uppsala, la ville que nous venons de quitter, et le lac Siljan, nous faisons étape à Falu Gruva – la mine de cuivre de Falun, classée au patrimoine de l’Unesco en 2001.

Étant friande de patrimoine industriel en général, la mine de Falun était une étape indispensable. Et puis c’est plutôt chouette de descendre dans les entrailles de la terre, les balades souterraines faisant partie de mes découvertes préférées (à l’image de la ville souterraine de Naples, de celle de Provins et autres trésors enfouis). Pendant une bonne demie journée, nous allons donc explorer ce patrimoine enfoui.

Une brève histoire de la mine

L’histoire de la mine de Falun a débuté au XXè siècle. Elle n’a quasiment cessé d’opérer jusqu’à sa fermeture définitive en 1992. Depuis, elle est devenue un site d’intérêt national et un musée.

Pendant de longues périodes de son histoire, la mine produisait 2/3 du cuivre mondial et la Suède a longtemps gardé le monopole du cuivre, en Europe et ailleurs. La rumeur court que le cuivre présent dans les toits du château de Versailles proviendrait de Falun…

C’est durant le XVIIè siècle que la production du cuivre atteignit son paroxysme. L’extraction massive permit notamment de financer les guerres dans lesquelles la Suède s’engagea à cette période.

La production de cuivre connut un ralentissement au XVIIIè siècle, ce qui entraîna une diversification de l’économie locale avec les débuts de l’extraction de fer et l’utilisation du bois présent sur place. De l’or fut également trouvé et l’on pourrait en trouver encore à l’heure actuelle. 

A la fin du XXè siècle, la mine cesse d’être viable et ferme ses « portes » en 1992.

La grande fosse

L’une des premières choses que nous apercevons en mettant les pieds sur le site à ciel ouvert est une gigantesque fosse. La fosse en elle-même date de l’année 1687 et provient d’un effondrement colossal de la mine, provoquant ce trou béant profond de 95 mètres. Heureusement, aucun blessé ne fut à déplorer : tous les employés étaient occupés à célébrer le Midsommar, fête accueillant le solstice d’été. C’était d’ailleurs avec Noël, le seul jour de congé de l’année des mineurs et travailleurs de la surface.

Autour de la fosse, n’hésitez pas à vous balader autour des bâtiments encore debout qui servaient à l’extraction du minerai.

Symboles et alchimie

En arrivant sur place, j’ai été frappée de voir ce symbole :

Au dessus des portes, sur les façades des bâtiments etc. Dans mon esprit (assez simple pour le coup), ce symbole représente le féminin. Je me suis donc demandée pourquoi il figurait partout.

Après quelques recherches, j’ai découvert que ce même signe est le symbole alchimique du cuivre. Comme je ne m’y connais vraiment pas en alchimie (visiblement), je ne vais pas me lancer dans une interprétation des signes et symboles car je risquerais de raconter n’importe quoi.

Donc ce symbole, c’est le cuivre en alchimie. Il représente donc aussi Vénus, la féminité, la jeunesse et l’amour à l’inverse du symbole du fer (Mars), qui représente la masculinité, la guerre etc.

Mon décryptage s’arrêtera là je pense. Mais j’ai une explication, ce qui soulage ma conscience de curieuse frustrée.

Six pieds sous terre ou presque

Ce que j’attends le plus cette après-midi là, c’est bien sûr de pouvoir descendre six pieds sous terre…ou presque. Car c’est bien à quasiment 60 mètres de profondeur que nous allons descendre. Affublés de flamboyantes tenues de mineurs (cape hydrophobe et casque de chantier oranges), nous sommes prêts à descendre 300 marches à pied, prêts à essuyer les petites pluies ocres qui vont accompagner notre chemin dans les entrailles de la terre.

Les fantômes de la mine

C’est parti donc pour une descente dans les mines de la Moria… euh de Falun (coucou les fans du Seigneur des Anneaux), accompagnés d’un guide anglophone (se renseigner sur le site de la mine pour les tarifs et horaires des visites guidées, indispensables pour visiter les entrailles de la mine). C’est sombre, humide, escarpé, parfois effrayant car on ne voit pas à 1 mètre. C’est une mine quoi.

C’est une visite fascinante qui nous attend. Pour nos amis claustrophobes et pour ceux qui ont peur du noir, il faudra vous armer de courage. La plupart de la visite sera éclairée à la torche et sera ponctuée d’anecdotes fascinantes. 

Nous apprenons par exemple qu’une pompe fonctionnait en permanence sous peine de noyade imminente. Les mineurs devaient également descendre et remonter de la mine à bord d’un seau qu’ils devaient attraper en cours de route sous peine de faire une chute mortelle. 

Notre guide nous montre un mur recouvert des autographes de membres de la famille royale suédoise s’étant aventurés dans le noir (en visite officielle et sécurisée of course).

Autographes et tenues glamour

Notre guide nous raconte aussi l’histoire d’un homme qui, au XVIIIè siècle avant son mariage, décida de se balader dans la mine, seul (quelle idée). Il n’en revint jamais. Quelques décennies plus tard, un mineur tomba sur son corps et il fut remonté à la surface. Personne ne le reconnut sauf une femme âgée qui identifia son fiancé disparu avant leur mariage. Le corps du malheureux fut retrouvé intact, conservé par l’humidité et les conditions particulières de la mine. Autant vous dire que j’ai adoré cette histoire !

Le bouc de Falun

Une heure hors du temps après, nous gravissons les 300 marches pour retrouver la surface et nous séparons de notre guide, bien aimable larron. Il nous reste cependant encore des choses à voir comme les restes du bouc de Falun.

Je dis bien restes car, comme beaucoup de choses en Suède apparemment, le bouc en bois, symbole de Falun, brûle en mars 2020. Ni une, ni deux, il fut remplacé par plusieurs petites répliques réalisées par les écoliers du coin. Touchant. En revanche, aucune explication quant à l’origine du feu qui détruisit le bouc.

Le bouc, s’il est symbole de la ville, c’est parce-que la légende raconte que c’est un bouc qui découvrit l’existence des richesses de la mine en plantant ses cornes dans la terre qui en ressortirent rouges. Rouge, qui est d’ailleurs lui LA couleur suédoise par excellence, celle qui recouvre les murs des maisons en bois traditionnelles.

Le musée de Falun

Dernière étape et non des moindres pour nous : le musée de Falun. C’est dans ce musée quasiment désert (j’adore!) que nous en apprenons plus sur les techniques d’extraction du cuivre, sur l’histoire de la mine et de l’économie du pays.

Le musée est super, très ludique et très interactif. Il ravira les enfants autant qu’il nous a amusés (on a adoré faire un combat à l’épée, oui oui). 

Si vous pensez passer un peu de temps dans la région d’Uppsala ou faire route pour le lac Siljan, je recommande chaudement de faire étape à la mine de Falun. C’est le sourire aux lèvres et les chaussures recouvertes de poudre ocre que je finis ce chapitre. 

Next : en route pour le lac Siljan !

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