Avec ces quelques premiers mots, je débute une toute nouvelle aventure. Une toute nouvelle catégorie sur le blog : l’expatriation.
Cela fait maintenant des années que nous parlons de déménager à Montréal avec M.Loukoum. Ça m’a longtemps paru être un projet un peu en l’air, un peu irréel. Le Québec ce n’est pas l’Union Européenne dans laquelle il est tellement facile de se déplacer et de s’installer. C’est à un océan d’écart, ce sont des procédures laborieuses et il ne faut pas hésiter à se foncer tête baissée droit dans le mur pour que les choses bougent.
Ce déménagement à Montréal a été un coup de chance. Je me rends compte aujourd’hui que malgré les mois, les années d’attente et d’incertitude, Montréal nous a été tendue sur un plateau d’argent. C’est une chance incroyable dont je serai éternellement reconnaissante.
Ce projet tant de fois rêvé et imaginé est finalement là, juste après le virage. Et pourtant, il me semble toujours aussi irréel. J’ai du mal à écrire tant mes pensées se bousculent et sont encore confuses, difficilement rangées et verbalisables.
Je déménage à Montréal le mois prochain et c’est encore irréel. Pourtant, quasiment toutes les démarches ont été faites pour se couper administrativement de la France. Plus tout à fait en France, mais pas tout à fait au Québec non plus. La situation est compliquée à ressentir.
Ces derniers mois, il a également été question de faire du tri. Dans mes affaires, ce fourbi que j’ai accumulé au fil des années est pour la plupart inutile. Des vêtements, des livres, des souvenirs, mon premier meuble, mes chats et mon chéri, c’est tout ce que j’emmènerai. Le reste sera vendu ou donné car je n’en ai pas besoin. Plus besoin. Parce-que c’est trop encombrant aussi. C’est l’occasion de faire place nette. Faire du tri a été compliqué au début, mais plus maintenant. Je suis quelqu’un de privilégié donc je sais que si j’ai besoin ou envie de quelque chose une fois là-bas, ce ne sera pas un problème.
Je vis au milieu de meubles vides, prêts à la vente, et de cartons remplis. Et pourtant, je ne percute pas encore très bien.
Les choses sont un peu plus claires depuis quelques temps, depuis que nous avons fourni nos données biométriques au gouvernement canadien lors d’un rendez-vous à Lyon. C’était la dernière étape avant la validation de nos permis de travail. Ce “graal” sera là bientôt.
J’ai prévenu mon travail, je pose bientôt ma démission officiellement, j’ai résilié tout un tas d’abonnements, les papiers des chats et les miens sont en ordre. Tout est quasiment en ordre. Alors quoi?
Au fur et à mesure que les semaines passent, j’en profite pour rendre visite à de la famille et des amis que je ne reverrai pas avant un moment. C’est le moment de faire le tour d’un maximum de personnes, parfois que je n’ai pas vues depuis des années. Je ne pourrai pas voir tout le monde, mais ce n’est pas grave, je ne disparais pas non plus de la surface de la terre.
Voir la famille et les amis en se rendant compte que l’on dit au revoir, parfois adieu, est une sensation étrange. Qui ne vient pas sur le moment. Je reverrai la plupart de ces personnes, un jour. Pour d’autres, j’ai conscience que ce sera sans doute la dernière fois que je les verrai. Je ne sais pas si le manque et la culpabilité de partir me frapperont un jour ou pas. Je ne sais rien car je n’ai encore jamais expérimenté ce genre de distance. L’avenir nous dira le reste.
Cette deuxième expatriation, cet énième départ est bien différent des autres. Je pars plus loin, en ne laissant aucun plan B derrière moi, sans date limite. C’est plus difficile que quand je suis partie en Irlande en Erasmus. J’étais étudiante, je savais alors ce que j’allais faire sur place et je savais quand ce serait fini, et ce où je serai ensuite. C’est effrayant et exaltant à la fois de se dire que je ne sais pas ce que je ferai une fois sur place. Je peux faire mille et une choses, j’aurai le choix. Je n’ai jamais eu autant de possibilités ces dernières années.
Je déménage à Montréal. Ce ne sera sans doute pas facile mais ce sera une expérience de vie extraordinaire. Alors je vais expérimenter, essayer, découvrir, profiter, me réinventer. Les mots me sont venus plus facilement à force d’écrire. Mes pensées se mettront au clair d’elles-mêmes alors que la date de départ se rapproche.
C’est un nouveau chapitre de ma vie qui débutera dans un mois, à écrire depuis une page blanche. Et j’ai terriblement hâte.