France

Un long week-end à Saint-Malo, Dinan et Dinard

Ça faisait des mois que je voulais absolument aller à Saint-Malo. D’une, parce-que la cité corsaire me faisait rêver, de deux parce-que j’en avais marre du “confinement” (comme tout le monde). Je voulais bouger, partir, n’importe où, loin de la région parisienne. Alors je suis partie, à peine une semaine après mon long week-end à Toulouse, en compagnie de M.Loukoum, de son appareil photo et de son drone en plein mois de juin 2021. Tous les 4, nous nous sommes fait un top week-end, de quoi se changer les idées.

Jour 1 : Dinan

Commençons par le commencement. Notre hôtel pour ce long week-end était situé à Dinan, au cœur de la ville historique, à deux pas du château. Le matin de cette première journée ayant servi à la route, il nous reste toute l’après-midi pour explorer.

Nous commençons par aller jeter un coup d’œil au château de Dinan, datant du XIVè siècle. Nous passons devant surtout car nous avons besoin d’accéder au centre ville pour retirer de l’argent et alimenter le parcmètre (qui n’accepte que la monnaie, c’est beau la technologie). La moitié de la ville date de 1283, de même que les remparts de la ville que nous longeons plus tard pour descendre jusqu’au port de Dinan. 

Et ça descend dru. Du moins par le chemin que nous avons choisi, on passe à travers un chemin pentu au milieu des bosquets pour gagner du temps. Une fois arrivés en bas, on a une magnifique vue sur le viaduc (de 1852). Il surplombe la rivière Rance de 49 mètres. J’ai l’impression d’être minuscule en étant en bas (ce n’est pas loin de la vérité, je ne suis pas très grande de base). 

Une fois sur le port, on admire le petit pont ancien dont l’origine remonte au Moyen-Âge. Le long de la rivière est tout à fait charmant, entre maisons en pierres et clapotis de l’eau. Nous avions repéré littéralement quelques minutes auparavant une compagnie de bateaux électriques proposant des locations de bateaux à manoeuvrer soi-même sur la Rance. Nous réservons un créneau 1h plus tard, de quoi se sustenter d’une crêpe et d’un cidre (il faut bien se fondre dans le paysage breton et s’habituer aux coutumes locales). 

La compagnie Dinavig propose plusieurs forfaits de balade et plusieurs tailles de bateau (dont un spécialement adapté pour les personnes à mobilité réduite, j’ai trouvé ça cool). Pour 50€ nous louons un bateau pour environ 2h. Le bateau est facile à “conduire” et l’on se retrouve vite au milieu des eaux et de la végétation. Nous faisons un tour jusqu’à la plaine de Taden puis demi-tour. Nous passons sous le pont ancien et le viaduc, de quoi se sentir encore plus minuscule.

Le soir arrive, la chaleur se dissipe. On décide de dîner sur le port, après le bateau. Je continue dans mon intégration locale en prenant des moules et des frites. Normal non? Le dessert sera à emporter (un far breton naturellement, très léger après les frites) car le couvre-feu à 21h nous pend au nez. Nous quittons la terrasse du restaurant et rentrons à l’hôtel au pas de course (enfin presque, je prends quand même des photos des rues désertes crépusculaires). On dépasse le couvre-feu de quelques minutes (oops) mais ce n’est pas grave, j’aurais eu de jolies photos .

Jour 2 : la Côte d’Emeraude, du Cap Fréhel à Dinard

Le jour 2 étant un dimanche, on évite de se précipiter à St-Malo, les foules de touristes et moi, ça fait deux. M.Loukoum est pareil, c’est d’ailleurs son idée.

On embarque donc le drone et l’appareil photo pour aller explorer la Côte d’Emeraude, du moins sa partie ouest, située entre Dinard (station balnéaire réputée, voisine de St-Malo) et le Cap Fréhel. La Côte d’Emeraude fait référence aux eaux limpides d’un bleu-vert magnifique les jours de beau temps qui bordent la côte bretonne entre le Cap Fréhel à l’ouest et Cancale à l’est.

Nous nous arrêtons non loin de Dinan, près d’un pont ferroviaire visible après une petite balade à travers bois. C’est l’occasion parfaite pour lancer le drone et prendre quelques vues depuis les airs. 

Le Cap Fréhel

Notre étape suivante est le Cap Fréhel à Plévenon où nous avions prévu de pique-niquer. Le Cap Fréhel même par temps gris est une étape incontournable du coin, de par ses falaises de 70 mètres au-dessus de la mer, sa lande de bruyère et son phare impressionnant achevé en 1950. C’est d’ailleurs l’un des phares les plus importants de France : son faisceau culmine à 100 mètres au-dessus de la mer et peut être aperçu à plus de 50 km.

Le reste du Cap est un amas de roche et de bruyère cher aux oiseaux du littoral dont les colonies grandioses seront visibles depuis plusieurs points de vue. On renonce vite à lancer le drone car les oiseaux sont nombreux, il y a foule et on ne veut déranger aucun des drôles d’oiseaux présents (volant ou à pied).

Une balade d’1h15 est faisable jusqu’au Fort la Latte que l’on voit au loin. Mes chaussures pourries et moi devons y renoncer pour aujourd’hui. Et puis, on a encore pas mal de pain sur la planche si on veut encore visiter plein de choses avant le couvre-feu.

Fort la Latte

Je parlais du Fort la Latte juste avant. Nous nous y arrêtons en chemin, c’est à 10 minutes de voiture du Cap Fréhel. Le site est payant, ce que l’on aurait pu vérifier avant d’y arriver. Je n’ai pas particulièrement envie de payer un billet d’entrée même si le panorama doit être sympa. On fait donc juste un petit tour dans le coin. Ça me suffira.

Dinard

Reprise de la route pour notre dernière étape de la journée : Dinard. De l’autre côté de la baie, l’on voit St-Malo et ses remparts. Les gens profitent de la plage, des adolescents bodybuildés vont chercher gaufres et glaces en évitant les coups de bec des goélands et le soleil tape fort. Une vraie journée de vacances.

Dinard est connue pour ses belles maisons Belle Époque (les Anglais et Américains adorent paraît-il mais moi aussi) ainsi que pour son festival du film britannique. 

Une fois arrivés, une glace s’impose (et puis il y a trop de monde qui fait la queue pour des gaufres). Une glace sera moins pratique à voler par les fourbes volatiles, c’est tout bénéf. Parfums noisette, caramel beurre salé et sarrasin (encore une fois, se fondre dans la culture locale est très importante) avec vue sur la plage et la mer. C’est aussi une bonne excuse pour tomber le masque pendant 10 minutes (à l’heure où j’écris ces lignes, le masque n’est plus obligatoire en extérieur, hallelujah).

Ensuite, direction la partie est de la plage où une magnifique balade s’impose à fleur de roche. On longe une grande piscine naturelle où des gens sautent de très haut malgré l’interdiction (je les observe entre voyeurisme, inquiétude et jugement). La balade longe la falaise où ont été bâties de très belles maisons. C’est parfait pour finir la journée. 

Jour 3 : Saint-Malo

Le troisième jour est un lundi. Jour idéal pour profiter de la Cité Corsaire en toute quiétude (vous connaissez peut-être mon amour des foules…). 

Saint-Malo fut construite sur un îlot rocheux au XIIè siècle (dont les remparts). La ville intra-muros (située à l’intérieur des remparts) a été largement détruite pendant la Seconde Guerre Mondiale – à environ 80%. En effet, pendant les phases de libération, les Alliés pensaient que la ville intra-muros abritait une importante garnison allemande et ont donc tout bombardé. Je vous spoile la fin de l’histoire : les Allemands étaient plus loin, en dehors des remparts. Pas de chance.

Après la guerre, la ville fut reconstruite dans un style rappelant celui de l’époque mais pas tout à fait à l’identique. Saint-Malo est reconnaissable par son style polylithique : ce sont en effet des pierres de diverses origines qui sont utilisées pour la construction des maisons et autres bâtiments de la ville. Certains bâtiments ont mieux tenu, comme l’église Saint Vincent ou bien le château (après quelques retouches, ils furent comme neufs). 

Saint-Malo est connue aussi pour son histoire corsaire (d’où son surnom de Cité Corsaire). Jacques Cartier est une des personnalités malouines les plus connues. Il œuvra notamment à la “découverte” du Québec actuel malgré des méthodes contestables. Surcouf, autre corsaire notable, fut une grande figure de la ville. Corsaires et négriers étaient l’âme de la ville entre le XVIè et XVIIIè siècles, jusqu’à l’interdiction de la traite négrière (interdiction du commerce triangulaire en 1815). 

Les remparts et le phare du Môle des Noires

Notre première étape malouine est les remparts qui entourent la ville intra-muros. C’est une belle balade à faire, entrecoupée de vues sublimes sur le large. Sur l’une des extrémités, le phare du Môle trône. C’est d’ailleurs le feu le plus important de Saint-Malo. 

Une fois en haut des remparts, on peut voir que c’est marée basse et que la plage en contrebas est quasiment déserte. Sauf une dame qui se baigne par 15° et un tout petit chien qui se fait attaquer et traumatiser par un goéland protecteur.

Cette attaque surprise n’est pas de bonne augure pour nous qui déboulons sur la plage et souhaitons faire voler le drone. Car c’est en effet pile la période de nidification et les goélands protègent ardemment leurs nids et progéniture. Tout ce qui vole et qui fait du bruit va se faire automatiquement attaquer. Quoique le petit chien ne volait pas. Le drone a donc fait un essai à environ 10 mètres de haut mais suite aux attaques répétées (et parce-qu’on a vite compris qu’on les dérangeait plus qu’autre chose), on a vite abandonné. 

Saint-Malo intra-muros

Plus loin sur la côte, l’on peut apercevoir les îles du Grand Bé et du Petit Bé. Fortifiées par Vauban au XVIIè siècle, les îles sont accessibles à pied à marée basse. Celle du Grand Bé en tout cas. 500 mètres séparent la côte de l’île. Il faut donc bien penser à vérifier les horaires de marée avant de s’aventurer à pied. Le Grand Bé est aussi connu pour avoir servi de batterie d’artillerie pendant la Seconde Guerre mondiale et pour abriter aujourd’hui la tombe de Châteaubriand (vraiment aucun rapport entre ces deux sujets je vous l’accorde). 

Quand on continue notre balade dans la ville, on passe entre des centaines de maisons de pierres grises diverses. Quelques touches de couleur agayent les rues un peu moroses, surtout sous un ciel tout gris. L’ambiance est toutefois chaleureuse, les boutiques et les restaurants et cafés s’activent malgré le fait que l’on soit lundi matin. Les touristes sont tout de même au rendez-vous.

Nous finissons par arriver près de l’église Saint-Vincent, à moitié détruite pendant la guerre. C’est à la base un savant mélange de gothique et de roman. La restauration de l’église après-guerre débute en 1944 mais le coût des travaux est faramineux. Ce n’est qu’en 1972 que la restauration de l’église s’achève.

La ville intra-muros est morcelée et quelques bassins longent le centre ville. Juste en dehors des remparts, le château de la Duchesse Anne se dresse (pas sûr que les palmiers soient d’origine) encore fièrement. Et en face, une réplique d’une frégate corsaire de 1745 : l’Etoile du Roy. C’est une belle bête colorée de 310 tonnes pouvant accueillir une bonne centaine de personnes en mer (pas sûr non plus qu’elle fasse encore beaucoup de sorties en haute mer). 

Avant de ressortir de la ville intra-muros, je ne pouvais pas passer à côté d’un dernier endroit réputé de Saint-Malo : la Maison du Québec. Bon là, elle était fermée mais en temps normal (hors Covid n’est ce pas), elle accueille des expositions, des conférences et autres activités qui célèbrent les liens fraternels entre le Québec et la France. 

Plus tard, nous repartons de Saint-Malo intra-muros pour nous aventurer plus loin dans la ville, sur la côte toujours. Nous arrivons à la tour Solidor : un donjon fortifié composé de trois tours. Au XIVè siècle, il était un outil de contrôle sur la Rance qui se jette dans la mer à Saint-Malo. Pendant la Révolution française et l’Empire, la tour Solidor servit de prison. Aujourd’hui c’est un superbe spot photo d’où l’on peut comprendre l’appellation de la Côte d’Emeraude. 

Les Rochers Sculptés de Rothéneuf

Pour finir notre exploration malouine, direction Rothéneuf, un quartier situé à environ 5 km à l’est de Saint-Malo. Après avoir gobé un kouign amann acheté intra-muros, direction les Rochers Sculptés.

C’est un site exceptionnel et insolite, tant par son histoire que par sa localisation. A la fin du XIXè siècle, l’abbé Fouré perd la vue et s’attèle à la sculpture pour occuper son quotidien. Il décide notamment de sculpter la roche à même la falaise. Pour voir les rochers, il faudra avoir déjà de bonnes chaussures et descendre une belle pente jusqu’au bas de la falaise.

Une fois en bas, des dizaines et de créatures imaginaires de tête sculptées dans la roche s’offrent à la vue du visiteur. Je vous laisse profiter de la vue autant que j’ai pu en profiter à ce moment-là.

Jour 4 : dernier petit tour à Dinan

Avant de reprendre la route le mardi et de quitter la région, petit tour express dans Dinan pour voir ce que l’on avait manqué durant notre premier jour. Les remparts et la Porte de Saint-Malo d’abord et les jolies rues avec leurs maisons à encorbellement (le premier étage est plus avancé sur la rue que le rez-de-chaussée). L’une de ces jolies maisons (la plus ancienne de la ville datant de 1452) fut d’ailleurs détruite lors d’un incendie en 2019. Quelle tristesse. 

Nous passons aussi près de la Tour de l’Horloge, haute de 45 mètres et datant du XVè siècle. 

Remparts de Dinan

L’intégralité du vieux Dinan est un petit bijou qui vaut bien une petite balade d’adieu. Nous disons au revoir à la ville, sans oublier d’acheter des galettes au beurre (c’est bon le beurre). En espérant pouvoir revenir en Bretagne un jour pour continuer d’explorer cette belle région. 

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