En août 2020, j’ai profité de la pause Covid estivale pour m’aventurer dans le Nord-est de la France. Durant un week-end, j’ai découvert l’Aisne et une partie de son patrimoine. C’était un peu choisi au hasard, car je voulais partir pas trop loin de la région parisienne.
M. Loukoum et moi-même avions choisi un hôtel près du lac de l’Ailette, à Chamouille (rien que pour le nom mignonnet j’aime bien). Chamouille est surtout connue pour son grand complexe Center Parcs. En temps normal, le lac de l’Ailette est top pour des activités nautiques. Mais bon, cette année tout est fermé alors on oublie.
Allez c’est parti, je vous y emmène.
Le Chemin des Dames
Étant située dans l’est du pays, l’Aisne a forcément connu les frasques et batailles de la Première Guerre mondiale. Se déroulant sur plusieurs kilomètres entre Laon, Soissons et Reims (Reims est dans le département de la Marne contrairement aux deux villes précédemment citées), le Chemin des Dames est l’un des hauts lieux de la Grande Guerre, bien que moins connu que la Somme ou la Marne voisines.
Si le Chemin des Dames est moins connu, c’est “tout simplement” car il a été le théâtre de défaites et de pertes monstrueuses de l’armée française durant la Grande Guerre. Le lieu n’est pas aussi couvert de gloire que d’autres régions voisines mais mérite tout de même le détour.
Le long du Chemin des Dames et dans une bonne partie du département, des monuments ont été érigés au lendemain de la guerre à l’exemple du monument des chars d’assaut situé sur la commune de Berry-au-bac.
Ce monument célèbre les troupes françaises qui ont mené la première offensive de chars d’assaut durant la Première Guerre mondiale. C’était en 1917, à l’époque où les chars d’assaut étaient une grande nouveauté. Aujourd’hui le monument se compose de plusieurs stèles, et des chars d’assaut des années 1950 y sont exposés.
La Caverne du Dragon
Le Chemin des Dames est également connu pour la Caverne du Dragon. Cette ancienne carrière de pierre fut un des gros enjeux stratégiques de la région. Ce site enfoui permettait notamment de mener des attaques surprises. Il permettait également aux troupes de se reposer dans un espace hyper protégé.
Historiquement, la caverne est passée de mains en mains au fil des mois durant la guerre. En janvier 1915, ce sont les Allemands qui en prennent possession. Puis en juin 1917, la grotte est prise par les Français. De juillet à octobre 1917, la grotte est “partagée” entre les troupes françaises et allemandes. L’obscurité y est totale. Les troupes évoluent donc pendant des mois dans un noir total tout en essayant de faire le moins de bruit possible afin de ne pas être repérées par l’ennemi. Cette histoire de cohabitation au sein de la caverne m’a parue incroyable.
La Caverne du Dragon fut appelée ainsi car dans un mythe allemand, on repérait la présence d’un dragon dans une grotte grâce à la fumée qui en sortait. Là, point de bête mythique endormie (dommage, j’aimerais bien domestiquer un dragon un jour) mais des cuisines installées dans la grotte dont les fumées d’échappement sortaient par les rares ouvertures.
Comme ma passion des souterrains n’a pas de limite, j’étais excitée comme une enfant par l’idée d’une visite de la caverne. Je ne manque jamais une occasion d’aller visiter des sous-sols, surtout en plein été quand il fait 1000° à la surface. Avec un bon pull, tout est plus beau sous terre. Enfin, ça, c’est aujourd’hui. Car à l’époque de la Grande Guerre, le quotidien dans la caverne n’était pas aussi réjouissant.
La visite de la caverne couvre le quotidien des soldats: comment ils dormaient, comment ils mangeaient et buvaient, comment ils se soignaient. Parfois, certains soldats étaient de repos plusieurs semaines sous terre, aux prises de l’obscurité et de l’humidité froide de la grotte, ne sachant si la chose qui effleure leur chaussure est un rat ou le pied d’un camarade maladroit.
On y trouve des reconstitutions de dortoirs, on y voit un puits et ce qu’il reste du cimetière. Car oui, les morts étaient aussi entreposés sous terre avant d’être transférés ailleurs. On y trouve également une collection d’artisanat des tranchées et des installations contemporaines rendant hommage aux soldats disparus.
L’un des objets qui anime encore les déjeuners du personnel de la caverne est une petite boîte de conserve dont le contenu n’a jamais été découvert : le contenu serait encore consommable ou pas? Le mystère restera entier je pense car la boîte ne sera sans doute jamais ouverte. C’est ce genre de détails du quotidien qui me passionne (je vous avais dit que j’avais des passions multiples et parfois improbables).
En dehors de la caverne, une petite exposition retrace la chronologie des évènements sur le Chemin des Dames. Et à l’extérieur, d’autres œuvres d’art contemporain habillent le lieu et le paysage.
La Caverne du Dragon est une superbe visite à faire dans le coin. Ne réfléchissez pas, foncez y.
L’Abbaye de Vauclair
En dehors des sites historiques liés à la Première Guerre mondiale, l’Aisne offre également d’autres trésors.
Nous sommes tombés un peu par hasard sur l’Abbaye de Vauclair, au détour d’une promenade non loin du lac de l’Ailette. Enfin, ce qu’il reste de l’abbaye. C’est un champ de ruines, littéralement.
Il faut d’abord faire attention aux armées de chenilles processionnaires avant d’atteindre les ruines. C’est un joli site une fois la barrière de chenilles passée.
L’abbaye fut construite à partir de 1134 par des moines. Ils se sont servis de pierres de la région, notamment la pierre qui se trouvait jadis à la Caverne du Dragon (ancienne carrière, tout ça tout ça). L’abbaye fut malheureusement détruite lors de bombardements en 1917. Depuis les années 70, ce sont des groupes de bénévoles qui se relaient pour entretenir le site.
Autour de l’abbaye, de jolies balades sont à faire, entre lac et forêt.
Laon
Avant de repartir de la région, je voulais visiter Laon et sa fameuse cathédrale. La ville haute de Laon domine le reste de la ville moderne. La ville haute est encerclée de remparts en pierre et était au Moyen-Âge un site stratégique.
Je connaissais Laon de nom, de part son centre ville médiéval. Nous sommes rentrés dans la ville par la porte d’Ardon qui date du XIVè siècle.
Le centre de la haute ville est super mignon, entre bâtiments historiques et boutiques de charme. On trouve du street art un peu partout, ça embellit encore plus le coin. Et des parapluies de couleur aussi comme on en a trouvé un peu partout sur Instagram à une époque.
La cathédrale Notre Dame plus loin est très impressionnante. Elle a été bâtie entre 1150 et 1180. C’est l’une des plus anciennes cathédrales gothiques de France. Elle inspira d’ailleurs la construction de la cathédrale de Chartres et de Notre Dame à Paris. Devant, nous avons trouvé des jeux à disposition de tout le monde dont un échiquier géant. J’ai eu l’impression d’être dans une partie comme dans Harry Potter. Mis à part le fait que j’ai dû déplacer les pièces moi-même (trop nul, je voulais qu’elles s’animent toutes seules comme dans le film), c’est plutôt fun.
Côté “grandes” villes, nous avons aussi fait un saut à Reims pour voir les sons et lumières à la cathédrale un soir. Reims étant située dans la Marne, ce serait de la triche de l’aborder amplement ici.
L’Aisne est un département qui ne paye pas de mine et pourtant, il est riche en histoire(s). Ce n’est pas une destination hyper touristique, ni très sexy vu comme ça mais elle réserve de belles découvertes. Je ne regrette pas d’y être allée le temps d’un week-end.
Et vous, vous connaissez l’Aisne?