Le 11 septembre 2011, je m’envole à destination de Dublin, avec en “poche” une grosse valise et un billet d’avion aller simple. Du haut de mes 21 ans, je vais vivre la plus grande aventure de mon existence. Je vais en effet passer les deux semestres de ma première année de Master à Maynooth, petite ville étudiante à l’ouest de Dublin, en Irlande.
A l’époque, j’étais célibataire mais j’avais un grand amour: l’Irlande. Il était alors naturel que je le rejoigne, même si cette passion avait une date limite.
Ma première semaine en Irlande
Je me souviendrai probablement toujours de ma première semaine en Irlande. Le 11 septembre 2011 était un dimanche et c’était l’un des pires jours de ma vie. J’arrivais à Dublin, avec plusieurs valises pour y passer l’année et l’envie de faire demi-tour.
Quand j’ai pris l’avion, j’ai reconnu un des mecs qui allait à Maynooth pour l’année aussi. On s’était croisé à une réunion d’information de notre université quelques semaines auparavant. Je lui ai parlé brièvement, il était assis derrière moi dans l’avion. En descendant de l’avion, je ne l’ai pas attendu. J’ai récupéré mes valises et j’ai filé à l’auberge de jeunesse dans laquelle j’avais réservé un lit pour une semaine, le temps de chercher un logement.
J’étais misérable et mal à l’aise. Ce garçon est devenu un ami plus tard mais ce jour-là, je ne l’ai pas attendu car je voulais être seule et maugréer un bon coup. Après avoir déposé mes valises à l’auberge, je suis allée me balader sous la pluie, la larme à l’œil et le cœur lourd. Je regrettais d’être partie. J’ai donc marché sous la pluie. Je suis allée dans une boutique acheter un vieux téléphone avec forfait local puis je suis rentrée à l’auberge.
J’étais dans une chambre réservée aux femmes. Je me souviens être sortie le soir même avec plusieurs filles de l’auberge. On est allées boire une pinte dans un pub, on a écouté de la musique folklorique. Ma première Guinness au Celt, ce pub où je suis retournée plusieurs fois ensuite. Ce soir-là je me suis souvenue pourquoi j’étais partie en Irlande et j’ai arrêté de me morfondre.
Le lendemain, lundi, commençait la semaine d’orientation sur le campus de Maynooth. J’ai pris le train depuis Dublin et 45 minutes plus tard, j’arrivais à Maynooth, petite ville étudiante au cœur du comté de Kildare. Cette ville a été la première ville que j’ai habitée et que j’ai aimée de toute mon âme.
La semaine d’orientation m’a permis de me repérer sur le grand campus de Maynooth et d’y rencontrer d’autres étudiants internationaux aussi perdus que moi. J’y ai recroisé le garçon de l’aéroport. Et c’est durant cette semaine que j’ai rencontré les gens qui allaient devenir mes amis pour l’année à venir.
Cette semaine-là j’ai aussi trouvé une chambre en colocation. C’était le mercredi. J’ai visité la maison. Je n’ai pas eu de coup de cœur mais j’avais besoin d’un logement. Après avoir à moitié supplié, j’ai eu la chambre. Et au final, c’était une super colocation. J’ai eu beaucoup de chance ce jour-là. J’emménageais le samedi même avec l’aide de mes nouveaux compagnons rencontrés plus tôt cette semaine. Mon année Erasmus avait débuté et passé le premier jour, c’était super.
Maynooth et la vie de campus
Ma maison se situait à environ 20 minutes à pied du campus de l’université. Un peu moins du centre ville. Maynooth accueille l’une des plus vieilles universités d’Irlande. Le campus se divise en deux parties : la partie ancienne au sud du centre ville et la partie moderne nord.
Durant mon année à Maynooth, j’ai passé énormément de temps sur le campus. J’y avais tous mes cours, certes. En dehors de ça, certains de mes amis habitaient dans les appartements étudiants du campus. Le campus était aussi une petite ville à part entière avec ses cafés, son bar et ses tables de billard autour desquelles nous avons passé un temps infini, ses supérettes et j’en passe. Nous pouvions facilement trouver ce que l’on voulait sur le campus.
Côté fêtes, elles commençaient souvent chez les uns (sur le campus donc) et se terminaient dans l’institution du centre ville: le Roost. Le Roost est un passage obligé pour qui habite à Maynooth, c’est l’un des meilleurs et plus festifs pubs du village.
J’ai passé un temps fou sur le campus, les fesses enfoncées sur les banquettes crasseuses des couloirs d’un des bâtiments de cours, un latte à la main. J’avais beaucoup de temps en dehors des cours, donc quand je ne travaillais pas, je m’en servais pour traîner sur le campus.
J’ai des millions de souvenirs de cette année-là, de mon quotidien. J’en garderai la majorité pour moi. Surtout que ça prendrait un roman entier pour tout restituer. En gros, la vie de campus était un rêve pour moi. Un bonheur tissé de petites choses.
Les escapades autour du pays
En arrivant à Maynooth, je me suis inscrite à l’International Society. C’était un club fait pour les étudiants internationaux afin de leur faire découvrir le pays. Top non? Pour une modique somme, des week-ends et excursions étaient proposés tout au long de l’année. Du fait de la petitesse de l’Irlande, j’ai pu découvrir le pays de fond en comble sans subir de longues heures de transports.
Grâce à ce club, j’ai pu aller à Cork dans le sud, à Clonmacnoise et Newgrange dans le centre du pays, à Belfast en Irlande du Nord, à Galway et dans le Connemara dans l’ouest, à Glendalough dans la fabuleuse région des Wicklow et j’en passe. Tous ces weekends et moments passés en bonne compagnie furent magiques et me permirent d’aimer encore plus mon pays d’accueil.
J’ai aussi eu l’occasion de voyager de mon côté. J’ai l’impression aujourd’hui de connaître l’Irlande par cœur même si je sais pertinemment qu’il me reste encore des centaines de lieux à visiter.
Le retour en France
Malheureusement, je savais que mon année d’Erasmus aurait une fin. C’est ça qui l’a rendue si unique.
Le retour en France en juin 2012, 10 mois après être partie, a été une des périodes les plus difficiles de ma jeune existence. L’été qui a suivi a été horrible. J’ai été coupée de mes amis, de ma maison, obnubilée par l’écriture de mon mémoire que je devais soutenir en septembre prochain. J’étais triste, c’était fini. Ça m’a fait l’impression d’une rupture.
Je suis retournée en Irlande et à Maynooth plusieurs fois après Erasmus et ça n’était pas pareil. C’était triste, fade. C’était fini. Mais je m’en suis remise avec le temps. Aujourd’hui, je repense à mon année en Irlande avec nostalgie, le sourire aux lèvres car j’y ai vécu ma meilleure vie.
Pourquoi Erasmus c’est fantastique
Partir en Erasmus a été le meilleur choix de ma vie d’étudiante. Je ne le regrette pas le moins du monde. Ça m’a même aidé à décrocher mon premier emploi.
Faire Erasmus est un pari. S’il est réussi, ça vaut tout l’or du monde. Ce fut une expérience sociale exceptionnelle et rien que pour ça, je recommanderais à quiconque hésite, de ne plus hésiter.
Partir étudier à l’étranger est une chance, surtout en période de Covid où nos déplacements sont fatalement limités. Alors quand tout aura rouvert, foncez.