Pendant la semaine du nouvel an 2021, j’étais en vacances. Et à défaut de pouvoir partir en chalet avec la famille en raison des nouvelles restrictions sanitaires limitant les rassemblements privés, M. Loukoum et moi avons improvisé une semaine d’escapades.
Enfin plutôt, 1 jour et demi d’escapade dans la ville de Trois-Rivières. Ce fut un passage express car les symptômes du Covid ont ensuite pointé le bout de leur nez, nous forçant à partir sur une période d’isolement. Nos premières vacances au Québec ont donc été très fun.
Mais revenons à nos moutons.
Nous sommes donc partis pour Trois-Rivières qui est une petite ville québécoise située à environ 1h30 de route de Montréal, à mi-chemin de la route pour Québec.
Sur place, nous avons repéré plusieurs musées à visiter dont le musée POP et la Vieille Prison de Trois-Rivières qui est rattachée au musée.
La Vieille Prison de Trois-Rivières
En temps de pandémie, la Vieille Prison de Trois-Rivières est uniquement accessible via des visites guidées. Ce n’est pas plus mal honnêtement, j’apprécie le fait d’avoir un guide lors de certaines visites.
Le musée POP organise des visites de la Prison en français régulièrement en journée. Lorsque nous arrivons, une visite débute et nous sommes seulement 7 dans notre groupe, ce qui permettra une visite agréable.
Le guide nous emmène directement dans l’ancienne prison. C’était une chouette visite, assez crue avec des propos parfois difficiles à entendre. D’ailleurs, la visite n’est pas conseillée pour les enfants et je confirme.
La prison entre en fonction en 1822 et sert pour tous les délits commis dans la région de Trois-Rivières. Elle est bâtie pour accueillir environ 40 détenus (homme comme femmes) mais ce seuil n’est jamais respecté tout au long de son histoire. En effet, ce sont souvent le triple d’hommes et de femmes qui sont entassés dans la prison dans des conditions épouvantables.
La prison est un bloc de pierres et de béton dont le confort est à déplorer. En effet, les cellules sont souvent surpeuplées, obligeant les détenus à dormir par terre. La prison n’étant pas dotée de sanitaires, les prisonniers doivent se partager un seau par cellule pour leurs besoins. Seau qui n’est pas changé très régulièrement. Les détenus n’ont pas non plus accès à des douches. Les seules douches disponibles sont en extérieur et ne sont généralement accessibles qu’une fois par semaine. Le rêve donc.
Le manque d’hygiène et la surpopulation entraînent une insalubrité évidente des lieux. Plusieurs rénovations ont lieu au fil des décennies pour améliorer les conditions sans pour autant révolutionner le confort des prisonniers qui continueront de vivre une situation difficile.
Durant la visite guidée, nous visitons des cellules individuelles où il est compliqué d’imaginer combien autant de personnes ont pu tenir dedans. Nous visitons également le bureau du directeur (poste qui est passé de père en fils); les espaces communs où les détenus passaient leurs journées; les espaces administratifs dotés de plus d’espace et de confort.
Le guide nous explique également que la prison accueillait généralement des personnes ayant commis des délits mineurs, ayant pour peine maximum 2 ans d’emprisonnement (en théorie). Toutefois, certaines exécutions pour des crimes plus graves ont eu lieu sur le sol de la prison. Ce sont à peine 10 personnes qui ont été tuées par pendaison durant toute l’histoire de la prison.
Parmi les délits recensés, cela peut aller de l’endommagement d’un arbre fruitier (apparemment cogner un pommier était passible de prison) à de l’errance sur la voie publique, de la prostitution à de la vente d’alcool sans licence. Des raisons qui peuvent paraître aberrantes aujourd’hui (ce n’était donc pas forcément mieux avant).
La prison était donc mixte. La plupart des femmes emprisonnées étaient là pour prostitution et avaient le droit à des cellules individuelles – mais minuscules. Chaque cellule était composée d’un lit simple et d’un seau. Ces femmes étaient toutefois enfermées avec leurs enfants, ce qui posait un problème de surpopulation.
Nous visitons d’autres parties du bâtiment comme les cachots, l’isoloir (où les détenus qui y étaient enfermés passaient souvent plusieurs semaines dans le noir total), l’infirmerie… Tout reflétait les manques de moyens et l’absurdité du système carcéral. Le plus effrayant fut tout de même de savoir que la prison a opéré jusqu’en 1986.
Vous en apprendrez sûrement beaucoup plus en visitant la prison si vous êtes de passage à Trois-Rivières.
Il faut compter 17$ par adulte pour une visite de la prison. Pour visiter le musée également, un billet combo musée-prison est disponible à 24$ par adulte (tarifs en vigueur en janvier 2022).
Notez qu’en raison de la recrudescence des cas de Covid en décembre 2021-janvier 2022, les visites guidées de la prison sont suspendues jusqu’à nouvel ordre. Les expositions du musée POP restent accessibles en visite libre.
Le musée POP
Après la visite guidée de la Vieille Prison, nos billets combo nous permettaient d’accéder au musée POP et ses nombreuses expositions ludiques. Le musée en lui-même n’est pas très grand mais propose plusieurs espaces thématiques. La mission du musée étant de promouvoir la culture et société québécoises, leurs spécificités et d’aborder leur évolution.
Plusieurs expositions permanentes et temporaires sont accessibles en ce moment.
L’exposition « Si la faune m’était sculptée – l’art animalier québécois » – disponible jusqu’au 1er mai 2022
Cette exposition est plutôt modeste et présente des sculptures animalières réalisées par des artistes et particuliers québécois. L’espace est plutôt petit et le tour est vite fait. Certaines sculptures sont plutôt rigolotes.
L’exposition « Le match parfait sport vs science » – disponible jusqu’au 6 mars 2022
Ici, on peut observer des anciens équipements de sports qui sont toujours pratiqués aujourd’hui au Québec (notamment le ski, les raquettes). Plusieurs installations avec des écrans nous permettent de découvrir les différents aspects scientifiques du sport. Le tour est également vite fait mais cet espace est plus interactif que celui mentionné précédemment.
L’exposition « Attache ta tuque ! Une virée décoiffante dans la culture québécoise » – disponible jusqu’au 11 février 2029
Cette exposition est sans doute celle que j’ai le plus appréciée. Elle était d’ailleurs plus riche que toutes les autres expositions. Ici, on aborde l’évolution de la culture québécoise contemporaine, notamment via des expressions typiquement employées au Québec avec par exemple le fameux « Attache ta tuque » (littéralement « se préparer eu meilleur ») ou bien encore « Swigne la bacaisse » (invitation à venir faire la fête, grosso modo).
Plusieurs installations ludiques et multi-sensorielles permettent d’explorer le 20e siècle québécois via la musique, la place du froid et de l’hiver dans l’histoire et le quotidien des Québécois, les diverses inventions locales, la place de la culture autochtone sur le territoire, le parler québécois et pleins d’autres sujets.
Le fleuron de la chanson québécoise
C’était vraiment intéressant et la scénographie du lieu est plutôt bien exécutée. J’ai tout particulièrement apprécié la mini pièce accessible via une porte discrète dont les murs sont tapissés d’injures québécoises. J’ai vraiment aimé découvrir le sens de ses injures et leur origine, de même que ceux d’autres expressions plus globalement.
J’ai découvert des pans de l’histoire québécoise que je ne connaissais pas. En fait, je me suis rendue compte que mes connaissances en histoire contemporaine québécoise (et canadienne en général) sont plutôt mauvaises. Cela m’a donné envie d’en apprendre plus sur l’histoire canadienne, notamment du 20e siècle. Je n’ai plus qu’à me mettre en quête de documentation et de lecture.
L’exposition « L’ADN des superhéros » – disponible jusqu’au 24 septembre 2023
J’ai survolé cette exposition car elle s’adresse aux enfants. Elle leur raconte une histoire et les encourage à résoudre une énigme fantastique qui aurait lieu à Trois-Rivières et directement inspirée de l’univers graphique des comics.
Pour le coup, j’ai eu du mal à voir le lien avec la culture québécoise. Mais je pense que l’exposition avait pour seul but de proposer du contenu ludique pour des enfants plus jeunes.
L’exposition « En d’dans : la prison comme solution ? » – exposition permanente
C’est peut-être l’espace qui m’a le moins marquée, sans doute car j’avais déjà appris pas mal de choses durant la visite de la Vieille Prison. Ici, on retrouve l’histoire carcérale du Québec depuis le 19e siècle et comment le public voit le système carcéral. L’exposition aurait pu être plus dynamique si l’activité à base de clés et de serrures virtuelles déverrouillant des informations avait fonctionné. Covid oblige, cette activité était en suspens, ce qui a rendu le parcours moins fun (aussi fun que possible quand on aborde le monde des prisons). C’était tout de même intéressant, le parcours mêlait informations sérieuses et légères, voire insolites.
L’exposition « L’art d’avancer » – disponible jusqu’au 13 mars 2022
Dans le dernier espace visité du Musée POP, je découvre les œuvres d’une artiste venant de Mauricie, au Québec, nommée Marie-Sol St-Onge. J’ai trouvé ses toiles vraiment belles, chacune étant accompagnée d’un message. J’ai trouvé son œuvre d’autant plus marquante qu’on apprend que l’artiste a perdu ses 4 membres à la suite d’une maladie il y a plusieurs années de cela. Vraiment inspirant et porteur d’un beau message.
Les Essentielles, 2021. « La majestueuse nature et un doux foyer, que demander de plus ? » L’envers de l’étiquette, 2021. « Il y a toujours deux côtés à une situation, qu’elle soit sombre ou lumineuse »
Le musée POP est accessible en visite libre sans réservation préalable. En hiver, il est fermé les lundis et mardis (voir horaires spéciaux pendant la période de Noël). Il est ouvert à partir de 10h et ferme à 16h ou 17h selon les jours et la période de l’année. Bien vérifier sur leur site les horaires et règles sanitaires en vigueur.
J’ai passé un très bon moment au musée POP et à la Vieille Prison de Trois-Rivières. La ville n’étant pas hyper touristique, elle recèle toutefois de quelques musées et de jolies balades à faire. J’y reviendrai sûrement pour continuer d’explorer le reste de ce qu’elle a à offrir.
Et pour sortir encore un peu de Montréal…