Ce bilan du mois d’août sera je pense mon dernier bilan des musées avant de m’envoler pour Montréal. Du moins mon dernier bilan sur des musées et expositions français. Je changerai peut-être un peu la formule une fois que je serai arrivée dans mon nouveau foyer.
C’est donc avec un peu de nostalgie que je conclus le mois d’août. Pourquoi de la nostalgie? Car l’offre culturelle en France, et en particulier en région parisienne, est tout de même sacrément exceptionnelle.
Alors c’est parti!
Homosexuels et lesbiennes dans l’Europe nazie au Mémorial de la Shoah, Paris
Cela annonce quelque chose de très joyeux n’est ce pas !
Cela faisait longtemps que je n’avais pas été au Mémorial de la Shoah, qui est un très beau lieu d’histoire au cœur du Marais à Paris. Avant d’y entrer, on trouve des panneaux explicatifs sur le côté qui donnent un avant-goût du reste des expositions. Et l’on aperçoit aussi ce fameux mur, le Mur des Justes, où sont énumérés tous les noms de ces personnes qui ont aidé des milliers de Juifs pendant la guerre. C’est l’émotion qui arrive avant même d’entrer dans le Mémorial.
Je voulais voir tout particulièrement l’exposition temporaire intitulée Homosexuels et lesbiennes dans l’Europe nazie.
L’exposition en elle-même tient dans une même pièce dans l’un des étages du mémorial. Une seule et même pièce certes mais de nombreux documents, une scénographie soignée et élégante. J’y ai passé un temps fou, j’ai tout regardé, tout lu. C’était passionnant.
On y retrouve l’histoire du statut des homosexuels et lesbiennes en Allemagne mais aussi dans le reste de l’Europe dès l’arrivée au pouvoir des Nazis. L’on apprend la différence de statut et de traitement des homosexuels et des lesbiennes. Les lesbiennes étaient plus acceptées à l’époque et on les laissait se fondre plus facilement dans la masse. Les homosexuels étaient eux passibles de prison s’ils vivaient leur sexualité ouvertement, et les dénonciations étaient fréquentes…
J’ai appris qu’au début du mandat nazi, l’un des grands chefs nazis (j’ai oublié son nom) était ouvertement homosexuel. L’exposition en parle et met le doigt sur le fait que le régime nazi utilisait des images homoérotiques pour leur propagande, de quoi brouiller les pistes. Jusqu’à ce que ça change…
L’exposition propose des portraits de lesbiennes et homosexuels dont le militantisme fut important à l’époque. J’y ai découvert également le statut des homosexuels dans les camps de concentration et d’extermination, où ils étaient souvent placés à part, de peur de “contaminer” les autres prisonniers.
Tout est passionnant malgré les horreurs qui se sont déroulées pendant la guerre, en Allemagne mais aussi ailleurs en Europe où les homosexuels étaient également persécutés, parfois jusqu’à tard dans le XXè siècle. Même après la fin de la guerre, leur calvaire n’était pas fini.
En bref, c’est une exposition que je recommande fortement. Elle aborde un sujet encore peu étudié même si les sources se multiplient doucement. J’ai appris énormément de choses. Moi qui croyait en connaître déjà pas mal sur la Seconde Guerre mondiale, j’en suis sortie enrichie, quoique révoltée.
L’exposition Homosexuels et lesbiennes dans l’Europe nazie est à découvrir jusqu’en février 2022 au Mémorial de la Shoah.
The Parisianer. Chroniques du Muséum au Jardin des Plantes de Paris
Je passe dans un tout autre domaine avec l’exposition The Parisianer. Chroniques du Muséum au Jardin des Plantes.
C’est une petite exposition placée dans un endroit du jardin assez discret, à l’opposé de la Grande Galerie de l’Evolution. Plusieurs affiches du magazine imaginaire The Parisianer sont exposées et racontent l’histoire de la reconnaissance des sciences naturelles à travers l’histoire.
L’on commence au XVIIIè siècle avec une affiche illustrée qui montre la Seine complètement gelée et des badauds de l’époque à perruques qui sirotent du chocolat chaud sur le fleuve. Chaque planche illustrée raconte un fait (passé, présent ou futur) de l’histoire des sciences, le tout lié au Muséum d’histoire naturelle et au Jardin des Plantes (l’arrivée de la première girafe à la Ménagerie de Paris, une pluie de météorites en Normandie dont des spécimens sont conservés au Muséum, etc).
Le livre édité The Parisianer sur cette exposition apporte beaucoup de profondeur grâce à des articles inventés. On y trouve de fausses interviews de personnalités des siècles passés, des articles imaginaires etc… J’ai particulièrement apprécié l’humour déployé et la beauté du livre en lui-même.
Le combo exposition-beau livre fonctionne parfaitement!
L’exposition The Parisianer. Chroniques du Muséum est à découvrir au Jardin des Plantes de Paris jusqu’au 13 octobre 2021.
Côté jardin. De Monet à Bonnard au musée des Impressionnismes à Giverny
Première fois que je mettais les pieds à Giverny. Mieux vaut tard que jamais. Je ne vais pas m’étendre sur ma découverte de Giverny car je lui ai consacré un article tout spécialement récemment.
En revanche, je m’attarderai un peu plus sur l’exposition Côté jardin. De Monet à Bonnard au musée des Impressionnismes.
Le musée est relativement petit et avait l’air dédié à l’exposition temporaire en cours. L’exposition avait pour thème le jardin dans l’oeuvre des Impressionnistes et des Nabis. C’était court mais très réussi. Tout était en poésie, en beauté. J’ai beaucoup apprécié.
Le parallèle fait entre impressionnisme et Nabis était plutôt intéressant. Le thème du jardin était très apprécié des deux groupes d’artistes donc la comparaison était facile quoique tout en finesse.
Dans la serre de Albert Bartholomé Bedford Park, Bath Road, La Passerelle de Camille Pissarro
Et bien sûr, la fin de l’exposition est ponctuée d’un classique (et attendu) Nymphéa de Monet. De quoi donner un avant-goût à la suite de la visite : la maison et le jardin de Monet.
L’exposition Côté Jardin. De Monet à Bonnard est à découvrir au Musée des Impressionnismes de Giverny jusqu’au 1er novembre 2021.
Jardins d’Asie au Musée Guimet, Paris
Lors d’un après-midi chaud de l’été, je me suis dégagé 2h au Musée Guimet, haut-lieu de l’art asiatique (un peu comme le musée Cernuschi visité plus tôt dans l’année mais en plus impressionnant, il ne faut pas se mentir) pour découvrir l’exposition permanente ainsi que l’exposition temporaire en cours que je ne voulais pas manquer : Jardins d’Asie. (décidément, j’ai été à fond dans le thème jardins ces derniers temps)
2h pour être honnête, c’est très juste pour tout explorer et pour lire tous les cartels. Surtout que je n’avais pas prévu de voir l’autre exposition temporaire, Marc Riboud. Histoires Possibles (l’exposition s’est malheureusement terminée le 6 septembre). Pourquoi j’ai été la voir alors? Parce-que la dame qui m’a contrôlée à l’entrée me l’a très bien vendue en me disant : “Vous savez, ça a l’air un peu nul comme ça. Mais en fait c’est très bien”. Véridique. Alors suite à cette démonstration de persuasion, j’y ai fait un rapide tour.
Marc Riboud est un photographe français qui a parcouru le monde. Le musée présente une belle collection de ses photographies issues principalement de la seconde moitié du XXè siècle. On retrouve des clichés de Cuba pendant la crise des missiles, du Vietnam pendant la guerre, etc. On y retrouvait donc des clichés de partout dans le monde et pas seulement en Asie, la zone de prédilection du musée. C’était le beau-fils d’un couple de puissants mécènes du musée, donc forcément, il y avait bien une petite place pour son travail…
J’ai ensuite filé vers le 2è étage où m’attendait l’exposition Jardins d’Asie. Sauf que je me suis égarée, encore une fois. J’ai déambulé dans les salles de l’exposition permanente, entre vaisselle chinoise (qui est d’ailleurs magnifique), statues du Cambodge, art du Japon et de Corée et j’en passe. Tout est beau. La scénographie est soignée, agréable et les espaces sont particulièrement propices à la contemplation. J’y ai découvert de très belles pièces, de beaux objets dont je ne soupçonnais pas l’existence ni l’utilité.
J’ai réussi à un certain moment à atteindre le 2é étage et l’exposition Jardins d’Asie. Chaque jardin, qu’il soit chinois, japonais, persan ou indien avait ses propres attributs et spécificités. L’exposition est courte mais bien faite, dans un espace circulaire très intéressant. C’était un moment en toute poésie encore une fois où je me suis émerveillée devant des estampes de fleurs et des tapis de jardin (il en faut peu pour titiller mon imaginaire).
A voir absolument.
L’exposition Jardins d’Asie est à découvrir au Musée Guimet jusqu’au 20 septembre 2021.
Tempêtes et naufrages. De Vernet à Courbet au Musée de la Vie Romantique, Paris
Last but not least, j’ai visité le Musée de la Vie Romantique à Montmartre la semaine dernière. Le musée en lui-même est l’ancienne maison de Ary Scheffer, grand ponte du Paris romantique au XIXè siècle. L’artiste accueillait fréquemment d’autres artistes, écrivains et grandes figures du romantisme français.
La maison en elle-même est très mignonne vue de dehors. Elle détonne un peu tant elle est située dans un écrin de fraîcheur. Les badauds y viennent aussi aujourd’hui pour le café situé à l’ombre des arbres du jardin de la maison. Il avait l’air très cosy (et un peu bobo aussi soit dit en passant).
En ce moment a lieu une exposition temporaire : Tempêtes et naufrages. De Vernet à Courbet. L’exposition retrace l’influence de la mer, en particulier des tempêtes, dans l’œuvre romantique. On y retrouve des écrits, des peintures, évoluant au fil des années en fonction des thématiques à la mode.
Les tempêtes et naufrages sont représentés souvent de manière impressionnante, dramatique et un chouia pathétique. Les romantiques apprécient visiblement en faire des caisses et le sens du drame. Cela a tout de même donné un travail très fin, où les nuances de gris (à ne confondre avec 50 nuances de gris, rien à voir) sont déployées à tout va dans une interprétation très réussie.
Le radeau de la méduse, 4è esquisse de Théodore Géricault Naufrage sur la côte bretonne de Pierre-Emile Berthélémy
J’ai tout particulièrement aimé l’ambiance sonore qui accompagnait les différents espaces. C’était tantôt du Beethoven et du Berlioz, tantôt la voix de Guillaume Gallienne qui parcourait les grands textes des romantiques ayant pour thème les tempêtes et naufrages qui résonnaient en fond.
Je trouve les expériences multi-sensorielles au musée encore peu répandues et j’ai trouvé celle de cette exposition très réussie. Tout ce qu’on entendait apportait un petit quelque chose, un accent sur l’aspect dramatique que l’on voyait. Un beau mélange.
L’exposition Tempêtes et naufrages. De Vernet à Courbet est à découvrir au Musée de la Vie Romantique jusqu’au 20 septembre 2021.
En conclusion
Je conclus ce mois d’août sur encore de belles découvertes. Il m’aura fallu des années pour me décider à arpenter les beaux musées de Paris. Je ne sais pas pourquoi j’ai attendu aussi longtemps. J’étais sans doute prise par le quotidien, je ne me suis pas intéressée au monde parisien jusqu’à ce que j’aie du temps et la connaissance du fait que j’allais le quitter.
C’est sur cette note un peu douce-amère que je vais m’arrêter là. Entre nostalgie des musées parisiens et soif de découvrir les musées nord-américains et montréalais.
A bientôt donc, pour de nouvelles aventures muséales.